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14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 12:18

PLEDGING EVENT FOR

THE PERMANENT MEMORIAL TO HONOR THE VICTIMS OF SLAVERY

AND THE TRANSATLANTIC SLAVE TRADE

 

UNITED NATIONS

 

 

DECLARATION

DE

M. SERGE LETCHIMY,

DEPUTE

PRESIDENT DU CONSEIL REGIONAL DE MARTINIQUE

 

New York, le  10  Décembre 2014

 

 

Excellence, Monsieur Sam Kahamba Kutesa, Président de la 69e Session de l’Assemblée  générale des Nations Unies,

Excellence, Monsieur Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, représentant Son Excellence Monsieur le Secrétaire général Ban Ki-moon,

 

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres, Chefs des Délégations de Haut Niveau ici présentes,

 

Excellence, Monsieur Courtenay Rattray, Représentant permanent de la Jamaïque auprès des Nations Unies à New York, et Président du Comité du Mémorial permanent en souvenir des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves,

 

Excellences, Messieurs et Mesdames les Représentants et Observateurs permanents,

Distingués invités,

Chers artistes,

Mesdames et Messieurs,

 

Permettez-moi, au nom de la délégation martiniquaise, de vous remercier pour l’accueil chaleureux qui nous a été accordé aux Nations Unies.

 

Nous sommes heureux d’être associés à ce projet de mémorial permanent dédié aux victimes de l’esclavage et de la Traite transatlantique.

 

 

Ce moment est véritablement historique, cela pour deux raisons.

La première c’est que nous sommes tous réunis, frères des Amériques, de la Caraïbe et de l’Afrique, autour de la mémoire de nos ancêtres communs.

Ce que nous partageons, et que ce mémorial va d’abord exprimer, c’est une blessure.

Une blessure fondatrice. Une blessure immense.

Elle a frappé l’Afrique. Elle a fondé les Amériques. Elle a ensemencé les îles.

Elle a profondément modifié, et pour des millénaires, toute la face du monde.

 

Des millions de nos ancêtres ont été transbordés jusqu’ici.

Des millions de nos ancêtres ont enduré les fers, la terreur de la cale, le malheur des champs de cannes et des champs de coton. 

Nous sommes les fils de ceux qui survécurent.

Nous sommes aussi les fils de ceux qui disparurent et qui firent de l’Atlantique d’aujourd’hui le plus grand des cimetières du monde.

 

Cette terrible trajectoire, ce gouffre démesuré, a engendré toutes les humiliations et un impressionnant cortège de souffrances et d’horreur. Mais elle a déclenché une effervescence d’humanité d’où se sont élevés toutes les résistances, tous les héroïsmes, et toutes les formes de résiliences. L’ombre a engendré de la lumière. La déshumanisation a suscité un grand sursaut d’humanité. Humanité dans la survie, humanité dans la musique et dans les danses, humanité dans la pensée et dans le renouveau de toutes les formes de la connaissance ou de la création. Nous ne saurions oublier toutes les horreurs de l’ombre, mais il est de notre devoir de transmettre cette lumière. De transformer ce crime non pas en amertume, ou en esprit de fermeture, mais de l’élever jusqu’aux fondements d’une expérience humaine. C’est cette transmutation que je tiens à saluer aujourd’hui, et que ce mémorial va justement symboliser.

 

Ce moment est historique pour une deuxième raison.

Nous sommes aux Nations Unies. Dans une organisation qui représente la volonté et l’espérance de presque tous les peuples du monde.

Une volonté d’un meilleur vivre-ensemble.

Une espérance de paix et de fraternité.

 

Que ce mémorial se fasse sous son égide est le signe qu’il ne saurait s’agir d’un simple, ni d’un seul, geste de descendants d’esclaves. Nous sommes rassemblés aujourd’hui en fils de la diversité du monde : fils des Amériques, fils des caraïbes, fils de l’Afrique, fils d’un monde explosé par les conquêtes et les dominations, mais fils d’un monde qui s’est recomposé dans une complexité nouvelle, et un désir nouveau. Nos enfants vivent et aiment sur tous les continents. Ils travaillent dans toutes les langues du monde. Ils dansent sur toutes les musiques du monde. Ils vivent dans des cités où de nombreuses histoires et de nombreuses mémoires se rencontrent sans cesse, et se heurtent tout autant. Dès lors, aucune histoire ne saurait se raconter sans tenir compte des autres.

 

Aucune mémoire ne saurait se maintenir sans maintenir les autres. Nous sommes ici pour rappeler que le monde d’aujourd’hui a conscience de son irrémédiable unité. Nous sommes ici pour dire que l’histoire de l’esclavage et de la Traite transatlantique est une part considérable de ce qui fait le monde. Qu’une histoire du monde qui voudrait l’ignorer offusquerait l’Histoire. Qu’une mémoire du monde qui voudrait l’oublier insulterait l’idée même de mémoire.

 

Ce Mémorial dira au monde qu’au nom de nos ancêtres, au nom de leurs souffrances et de leurs résistances, nous appelons à l’union concertée de toutes les histoires et de toutes les mémoires. Il dira que le seul moyen d’éviter que la barbarie nous revienne, sous cette forme ou sous un autre, c’est de nous efforcer tous ensemble, de devenir meilleurs. De nous ouvrir dans le partage de nos histoires, de nous élever dans le respect de nos mémoires. C’est l’unique moyen de rejoindre cette lumière que nos ancêtres ont opposée à l’ombre la plus mortelle. 

 

Par ma voix, le peuple du pays d’Aimé Césaire souhaite rappeler que notre engagement en faveur de cette cause demeurera total.

Aimé Césaire n’a en effet jamais cessé de se battre pour la dignité de tous. Il a ouvert la voie à des hommes et des femmes de dignité et de conscience. Dans toutes les parts du monde, ceux qui ont continué son engagement, prolongé son combat sont maintenant innombrables. Notre devoir est de nous inscrire dans la beauté de ce sillage. Par nos actions, par nos initiatives, nous ornerons ce Mémorial de toutes les valeurs qui leur étaient chères et qui le sont aussi à l’Organisation des Nations Unies.

 

Alors voici le sens de ma présence ici : formuler le vœu d’un monde qui fonde son unité dans la diversité ; proclamer l’exigence d’une plus grande humanisation des politiques mondiales ; exprimer l’injonction que jamais, plus jamais, ne se répète un crime d’une telle ampleur contre l’humanité.

 

 

Je vous remercie.

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