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Petit rappel historique : « Je suis une légende » a été écrit par Richard Matheson en 1954. Le roman a été adapté deux fois ; la première fois en 1964 sous le titre « Le dernier homme sur Terre », la seconde sous le titre « Le survivant ». Il failli l’être une troisième fois par Ridley Scott, puis par Rob Bowman, et Michael Bay. Enfin, Guillermo Del Toro a refusé de reprendre le projet, qui fini dans l’escarcelle de Martin Lawrence.
Si les deux premiers films n’ont pas gardé le nom d’origine ( malgré le fait que le second eu droit aux honneurs d’une adaptation de l’auteur lui-même, qui refusa de signer son scénario aux vues du carnage imposé par les producteurs ), si le film actuel est resté plus de 10 ans dans ce qu’on appelle le « devellopment Hell », ce n’est pas sans raison. Le roman éponyme de Richard Matheson est un chef d’œuvre, un livre d’une noirceur abyssale, doublé d’une réflexion éblouissante sur la religion. Sa structure ( toute en flash-back ), sa profondeur psychologique ( Robert Neville y est VRAIMENT seul, et est un simple quidam, pas un expert en virologie ), et surtout, son nihilisme, est un défi à toute adaptation cinématographique. Mais en même temps, quel film sublime il aurait pu devenir entre les mains d’un auteur, comme Del Toro… mais pas entre celles d’un Yes Man comme Lawrence.
Vous l’avez donc compris : que ceux qui connaissent le livre doivent passer leur chemin. Rien n’est comparable entre les deux. Mais ce n’est pas cela le plus gênant. Lawrence a choisi de lisser son œuvre, de la rendre plus familiale. Il fait d’un personnage ordinaire un héros potentiel, lui donne un chien pour compagnon, et désociabilise totalement les vampires ( une nouvelle fois, ruez vous sur le roman, et vous comprendrez à quel point ces trois détails sont énormément importants ). Ce n’est pas ce choix qui m’a ulcéré. De même, il est assez plaisant de voir un blockbuster qui prend son temps, qui choisi un rythme lent là où la mode est au montage ultra speed, qui prend de l’ampleur là où beaucoup soit scotché à 3 cm du visage de leur protagoniste. Will Smith tient ici son meilleur rôle depuis « Ali » de Michael Mann ( et c’est pas rien ), et deux ou trois moments bien tendus arrivent même à foutre un peu la trouille.
Non, la violence de mon rejet vient de la fin. Là où Matheson donne une force et mythologique, et psychologique, à son œuvre en en faisant un regard noir sur la naissance des religions, Lawrence fait un film chrétien et totalement manichéen. En l’espace d’une dernière séquence à vomir de bondieuserie, il ampute de son sens profond le roman dont il est sensé être l’adaptation. Déjà, le bougre avait transformé la bande dessinée « Hellblazer », comics adultes et très noir, en l’immense pub anti-tabac qu’est « Constantine ». Mais la source n’avait pas le même potentiel, et surtout je préfère qu’on me dise que fumer c’est pas bien, plutôt que Dieu est grand. Alors je vous conjure : lisez « Je suis une légende », profitez du buzz pour vous achetez la réédition qui pullule dans les bacs des Virgin et consorts. Vous prendrez un plaisir 20 000 fois supérieur que devant ce honteux film de propagande catholique. Je n’ai rien du tout contre les croyants ou les religions, mais ils me feront un grand plaisir en arrêtant de vouloir me convertir.