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Paul Higgins n’est pas ce qu’on pourrait appeler un réalisateur « de la joie et la bonne humeur »… Après un «Collision» qui avait réussi à mettre pas mal de critiques d’accord sur son talent de dramaturge, il nous livre ici le premier film réellement critique sur l’actuelle guerre en Irak ( à la différence de « Jarhead », qui lui s’intéressait à la première pour mieux nous interpeller sur la seconde ). Pour ce faire, au lieu de nous livrer des images chocs sur ce qui se passe sur les champs de batailles ou dans les rues de Bagdad, il décide de rester sur le territoire américain, et d’adopter le point de vue d’un ancien chien de guerre, campé par Tommy Lee Jones.
Une chose devrait mettre là aussi tout les spectateurs d’accord : Paul Higgins s’est entouré d’un casting parfait. Tommy Lee Jones frôle la magie dans un rôle pourtant loin d’être facile ( un patriotique, tendances légèrement fascisante et machiste à l’appuie ) ; Susan Sarandon nous fait regretter sa rareté sur les grands écrans, et est d’une justesse à chialer ( elle est exceptionnelle dans le rôle de la mère ayant vu mourir ses deux fils à la guerre ), et Charlize Theron, même si son rôle est certainement le moins approfondi de tous, est à la hauteur des deux géants du cinéma américain qui l’accompagnent.
Mais ceux qui me connaissent savent que je suis un chieur. Le film parfait, pour moi, s’appelle chef-d’œuvre, et « Dans la vallée d’Elah » n’en est pas un…
Pas question de « spoiler » le film, car je pense sincèrement qu’il mérite d’être visionné, mais Higgins n’a pas su sortir totalement du carcan scénaristique des grosses productions Hollywoodiennes. Son ton, son approche résolument anti-manichéenne, et sa chute ( une belle claque dans le bien pensant de l’American Way of Life, et à la politique de Bush ) sont légèrement plombés par un choix de narration flirtant avec un déjà vu malvenu ( le rôle de Charlize Theron donne lieu à une espèce de sous intrigue pas franchement finaude, le fait de passer par une sorte de faux twist final gâche la franchise de l’ensemble du propos ).
Mais est ce que Higgins avait le choix ? Faire un film qui déclare ouvertement que les U.S.A. sont en périls, et qui plus est par la bouche d’un personnage qui est à lui seul le stéréotype du pro-gouvernemental de base, est culotté, voir courageux. Peut-être fallait-il un peu d’eau dans un vin si amer…
Dans tous les cas, Higgins nous donne l’occasion de voir non seulement une direction d’acteur à faire rêver, mais aussi le premier film de qualité sur une Amérique belliqueuse en pleine déliquescence. Perso, si seulement un dixième de la production américaine actuelle était de cette qualité, je planterai la tente devant le premier UGC venu.
Alain
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