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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 18:14

Ca fait quelques temps déjà qu’à chaque fois que je vais voir un film des frères Coen, je ressors de la salle entre la tristesse de voir tant de talent gâché et la sensation d’avoir été une nouvelle fois dupé. 10 ans  (depuis « The Big Lebowski ») que les deux frères n’ont pas enfanté de long digne de leur niveau. Bien que « O’ Brother » et « The Barber » n’était pas honteux, ils n’avaient pas la folie d’un « Arizona Junior », la puissance d’un « Barton Fink », ou la noirceur d’un « Fargo ». Et « No Country for Old Men » fut. Un retour en force, un bijou, un film qui nous fait presque oublier les honteux « Intolérable Cruauté » et autres « Ladykillers ».

Llewelyn Moss, un cowboy texan, tombe par hasard sur charnier en plein désert : apparemment, un deal de drogue entre mexicains aurait mal tourné. Et bien entendu, impossible pour lui de laisser sur place les 2 millions de dollars…

Les frères Coen nous avaient déjà servi du film noir, et ce à presque toutes les sauces : burlesque, humour à froid, classique… Le polar reste certainement leur domaine de prédilection, une corne d’abondance d’où ils semblent pouvoir tirer toujours le meilleur d’eux même. C’est donc logiquement qu’on se met à penser à « Blood Simple » et « Fargo ». Mais “No Country” demande peut-être plus de patience, impose un rythme plus lent. Non pas parce que l’histoire, ou les personnages s’y prête ( « Fargo » jouait lui aussi sur le même rythme, mais provoqué par le personnage de Frances McDormand, tout comme celui de Billy Bob Thorton dans « The Barber » ), mais parce que Joel et Ethan ont besoin de cette fausse lenteur de narration pour nous amener là où ils veulent.

Tout est donc imbriqué autour de cette pierre angulaire qu’est le rythme. Les personnages observent, tentent tant bien que mal de planifier, de comprendre. Ils perdent du coup un peu de cette saveur particulière, de cette folie douce qui planait sur leurs prédécesseurs. Pour ne pas trop sombrer dans la banalité, ils donnent tout de même à Javier Bardem son rôle le plus barré à ce jour. Mais ils le canalisent, le glissent dans un univers aux repaires plus évidents. Par le biais d’une mise en scène plus contemplative qu’actrice, ils donnent à leurs personnages l’espace suffisant pour prendre le temps d’exister.

Puis il y a la musique, ou plutôt, l’absence quasi totale de musique. Du coup, ils nous forcent à écouter, ils distillent des sons de ci de là comme on égrène un scénario d’indices furtifs. D’abord déstabilisant ( les plages de silence sont légion ), le stratagème atteint très rapidement son but : nous voilà comme Tommy Lee Jones ou Josh Brolin, en train de scruter l’écran et tendre l’oreille. Les pas dans le couloir, bien que lointain, deviennent d’autant plus inquiétant, et le bip du transpondeur fait augmenter la tension avec la même efficacité que les accords de violon des « Dents de la mer ».

Enfin, et surtout, l’histoire est linéaire et avec très peu de 2nd degrés. Il y aura toujours dans les films des frères Coen  deux ou trois dialogues frôlant l’absurde, des plans plus poétiques que réalistes, mais dans « No Country », ils permettent surtout de mettre en exergue la stupide absurdité de la vie. L’action y est brute, sanglante ( bien entendu ), et l’attente de celle ci devient du coup de plus en plus insupportable. Les personnages ne subissent pas ( ce qui différencie le plus le film de « Fargo », par exemple ), ils tentent d’agir au mieux, parfois la fuite l’emporte sur la confrontation directe, parfois c’est l’inverse, mais jamais nous ne les sentons pantins pris dans leur misérable condition. Ethan et Joel signe du coup un grand retour à leur premier film, « Blood Simple », avec tout le savoir faire accumulé durant plus de 20 ans de mise en scène.

Alors, une fois l’ensemble accordé, une fois le ton donné, l’œuvre prend son envol. Et après tant d’années à filmer l’absurde par l’absurde, ils filment de nouveau la vie, et elle l’est tout autant. Oubliez ce titre français stupide et réducteur : l’original vaut toute les conclusions possibles à ces quelques lignes, et délivre à lui seul le message que semble vouloir nous faire passer les réalisateurs : « No Country for Old Men ».

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21 février 2008 4 21 /02 /février /2008 15:47

Je vais peut être lancer un pavé ( bon, allez, un galet tout rond ) dans la mare ( ok, le dé à coudre ), mais pour moi, ceux qui aiment Tim Burton n’aime le gothique qu’à travers le filtre édulcoré du monde merveilleux de Disney… Non, c’est  vrai, bien que réalisés avec une très grande maîtrise technique, ses principaux films à ce jour ne sont rien d’autres que de très beaux enfantillages. « Edward scissor’s hands » un splendide conte de fée, « Beetlejuice » un film flashy pour grands enfants, et même « Sleepy Hollow » n’avait qu’une noirceur somme toute gentillette. Burton est un gamin doublé d’un excellent réalisateur, mais certainement pas le grand maître de l’horreur à l’anglaise.

Puis voilà que notre homme commence à faire des entorses à son propre univers. « Big Fish » gardait encore les traits propres à ses anciens films, mais Burton y avait cette fois laissé transparaître une humanité qui faisait jusqu’alors assez défaut. Le film est à moitié conspué par ses fans les plus fervents, tandis que d’autres ( et j’en fait parti ) y virent le meilleur de sa carrière.

Par la suite, Burton nous pond un « Charlie et la chocolaterie » assez mou du genou et convenu, et des « Noces funèbres » se voulant être dans la suite logique de son « Etrange Noël de M. Jack ». Bref, que du bien convenu, propre, très bien réalisé mais sans le charme et la folie de ses principaux méfaits.

Or « Sweeney Todd » change totalement la donne. Comme si Tim Burton avait décidé qu’il était enfin temps pour lui de faire son grand film gothique. Il met les pendules à l’heure avec un générique qui lui permet de rappeler son travail précédent ( surtout « Sleepy Hollow » ), pour ensuite nous balancer au visage, un plan splendide et sombre d’un bateau entrant dans le port de la ville. Voilà ce que je faisais, et maintenant, voilà ce que vous allez voir. Car une fois sa mise au point effectué, rien ne semble lui être interdit. Même adapté une comédie musicale, exercice périlleux.

Là où les parties chantées d’un « Charlie… » semblaient être posées au milieu d’un film classique, celle de « Sweeney… » font d’un drame classique une tragédie chantée. Là où le chevalier sans tête offrait un gore gentillet dans une esthétique très léché, son barbier Sweeney Todd donne dans une violence non feinte, passant même par une hargne saisissante. Là où ses anciens méchants prêtaient plus à sourire car assez caricaturaux, son Juge Turpin ( Alan Rickman, immense, enfin, égal à lui même ) nous gêne, nous donne des sueurs froides. Là où le romantisme l’emportait autre fois, il nous sert un final nihiliste, abyssal, balançant même à la trappe une intrigue secondaire à la fin plus heureuse, qui aurait pu alléger le ton. Tim Burton aborde enfin ses thématiques de manières frontales : la pédophilie ( si, si, dans un film de Burton ! ) et la perversion suinte de toutes les pores de Turpin, la haine et la misanthropie est dans chaque mot, chaque mouvement de Deep, et l’amour aveugle et égoïste colle au personnage de Mme Nellie Lovett. Burton nous prouve qu’il sait faire des films très adultes, puissants, qu’il a un vrai sens de la tragédie. Et tout cela fait de « Sweeney Todd » son meilleur film à ce jour avec « Big Fish », renouvelant son univers tout en gardant ses fondamentaux : une mise en scène inventive, des personnages décalés et grimés, voir même, lors d’une succulente séquence « comique », un retour à des couleurs chatoyantes.

Cela fait donc deux fois que Burton se frotte au monde des adultes. « Big Fish » avait été un chant d’amour splendide d’un père à son enfant tout juste né. Quid de la raison de ce « Sweeney Todd » ? Une envie de faire un autre cinéma né de l’ancien, j’espère, car vu la noirceur enfin assumée du film, si elle est de nouveau autobiographique, j’ose à peine imaginer le drame qu’est sa vie privée…

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21 février 2008 4 21 /02 /février /2008 10:14
Il est toujours bon de faire partager des films que l'on a aimé mais il est peut être encore plus recommandable d'informer ceux dont on peut se dispenser. Je vous dirais donc que le film "PS : I love you" est long, très long, voir très très long quand on est dans une salle remplie de monde et que vous avez des gouttes de sueur qui coulent de votre front mais vous ne pouvez pas partir car le film n'est pas encore terminé. C'est un film nunuche, on s'y attendait certes, mais peut être pas autant. Le comédien Gérard Butler est très très lourd avec son sourire pour soit disant nous charmer, Hilary Swank nous avait habitué à des rôles plus construit et intéressant. Vous l'aurez compris, vous pourrait attendre que le film passe à la télé et pour ceux qui n'ont pas de télé vous pourrez attendre d'être dans une chambre en maison de retraite pour le visualiser

Rémy

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21 février 2008 4 21 /02 /février /2008 10:10

Cédric Klaspisch nous filme si bien Paris qu'on aurait presque envi d'y vivre mais il filme surtout un moment de vie de quelques parisiens avec leur joie, leur peine, leur doute, leur culot, leur rire, leur désir et leur émotion. Les comédiens sont bons, Juliette Binoche dégage toujours autant de naturel qui lui vaut d'être attirante et admirable, Karine Viard qui n'a plus rien à nous prouver en tant que comédienne nous met encore une claque avec son rôle de bourgeoise égoïste et éprisante, Fabrice Luchini nous offre un petit déhanché de reins sur un rock and roll qu'il en devient terriblement drôle et nous prouve qu'il s'est faire autre chose que parler, Romain Duris plus discret et effacé dans ce film que dans les films "L'auberge espagnole" et "Les poupées russes" mais toujours aussi juste, et sans oublier tous les autres petits rôles qui méritent leur place. C'est un film simple, nature, sans chichi où l'on partage une tranche de vie avec eux. Et pour ceux qui ont une sensibilité particulière au piano, sachez qu'à plusieurs reprise nous entendons la "gnossienne n°1" de Erik Satie, peut on être humain d'ailleurs quand on ne se laisse pas emporter par les quelques note de Satie?...

En résumé c'est un film que j'ai aimé

Rémy

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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 13:02

Moi, j’aime bien Sylvester Stallone. Et je ne parle pas de sa filmographie qui a fait rêver plus d’un ados maigrichon à lunettes, mais du personnage Sly. Un dinosaure. Un véritable monument. Et un mec sensible, en plus, même quand il dégomme du Birman comme dans un épisode de Doom. Parce qu’il est vachement lucide notre étalon italien. Il assume totalement son statut de tas de muscle régnant en maître sur le cinéma d’action du début des années 80 à celui des années 90. Mais il pensait toujours avec une grande nostalgie à ses films plus matures que sont « Rocky » ( 1976 ) et « Rambo : first blood » ( 1982 ). C’était avant qu’il ne devienne un pur héros Reaganien, le symbole d’une Amérique belliqueuse et ultra puissante.

On pourrait d’ailleurs s’arrêter là, laisser Stallone dans la catégorie des décérébrés bourrés de testostérones. Car, au bout du compte, que reste t il de lui dans l’inconscient collectif ?

Il est tout de même préférable de remettre les pendules à l’heure. Non pas pour Rocky premier du nom : il est toujours, à ce jour, vu comme un bon film, et pour certain, le meilleur de la filmographie de Sylvester. Mais quid de Rambo ? Comme « Massacre à la tronçonneuse », le mythe a dépassé la réalité. De la même manière que beaucoup de personnes prétendent avoir vu le film de Tobe Hopper, et se le remémore plein de sang, de meurtres et de tortures. Tout l’inverse de ce chef d’œuvre où tout se passe hors champ, où les fameux hectolitres de sang ne sont jamais versé face caméra. Le traitement actuel du 1er Rambo de Ted Kotcheff est du même acabit. Bien aidé, il est vrai, par deux suites minables et au discours très limites, « First blood » n’en est pas moins revu continuellement par le prisme d’un inconscient alimenté par le cynisme affilié au film de Stallone. Sans être un grand film, « Rambo I » est, sans aucun doute, un très bon métrage, anti-guerre et d’ailleurs très mal reçu en son époque par le public américain.

Qu’en est il du dernier en date ? Il sera très certainement mal perçu par un grand nombre des spectateurs… parce que hors contexte réel. Le choix de la Birmanie aura au moins l’avantage de dissocier Rambo de la logique américaine, voire de s’y opposer : les USA n’ayant aucun intérêt dans le coin, pourquoi y intervenir ? Et voilà notre héros posé comme dernier espoir de ces pauvres humanitaires pris en otages par la junte locale.

Mais nous avons tendances à oublier que Stallone ne fait pas un film à message, mais qu’il clôture la vie d’un personnage très malmené par deux suites atroces et fascisante. Il veut à la fois ( et avec une tendresse évidente ) réhabilité son héros, mais aussi refaire un film d’action comme on en fait plus.

Ca fonctionne à merveille pour ce qui est du film en soit. On a un sourire béat en revoyant  cette bonne vieille gueule d’asocial qui souffre à l’idée de devoir en placer une, et on a rarement vu un tel classicisme de mise en scène au service d’un scénario de grosse série B ( la forêt y est parfois splendide, les scènes d’actions toute à fait lisibles, et la tension monte de manière inéluctable ).

Mais depuis tant d’années, on a oublié qui est notre héros. On a oublié son nihilisme, sa misanthropie. Et, surtout, sa violence extrême. Ce sont les suites qui ont donné à Rambo sa couleur patriotique. Ceux sont elles qui ont squattées l’inconscient collectif. Le vrai Rambo est tout autre. S’il tue, c’est parce qu’il est fait pour çà, parce que l’homme à ses yeux est nuisible. C’est comme cela que Stallone voit son personnage. Et pour le sauver, il faut qu’il lui donne et une cause pour laquelle se battre, et un débordement de violence tel qu’il en soit écœuré. La cause est facile : l’aide humanitaire en Birmanie. Quand à la violence, elle apparaît en premier lieu sous la forme de soldats sadiques, qui tuent femmes, vieillards et enfants sans discernement.

Le piège se referme alors sur Stallone / réalisateur : en  surchargeant l’horreur du génocide Birman, il le caricature presque. Non pas qu’elle soit fictive, car les exactions sont bien réelles, comme le montrent les images du générique du film, piqûres de rappel des atrocités commises dans la plus grande impunité. Mais à trop vouloir préparer le terrain à la renaissance de son personnage, il tend le bâton à ses détracteurs pour se faire battre. Car, outre la violence des méchants, c’est le paroxysme atteint lors d’un final d’une incroyable longueur et d’une hargne inouïe qui est apte à soulever le plus d’indignation. Stallone est un pacifiste convaincu, et pour lui, le meilleur moyen de combattre la plaie de la guerre, c’est de la montrer dans toute son horreur. Cette séquence de plus d’un quart d’heure, c’est l’intro d’ « Il faut sauver le soldat Ryan » version jungle et commando. C’est un tuerie sans nom, un massacre filmé au plus prés. C’est l’exorcisme d’un homme dont la violence et l’art de la guerre contenus doivent impérativement exploser pour atteindre une paix intérieure.

Et il faudra attendre la fin du massacre pour comprendre la volonté de Sly : cette femme pour laquelle il s’est battu ne lui adresse que des larmes d’incompréhension lorsque carnage touche à sa fin. Ces longs plans sur les cadavres amoncelés, déchiquetés, n’ont pas le lyrisme des fins de films de guerre qui sentent le parfum du devoir accompli. Tout n’est que gâchis.  Douleur.

Mais c’est ce qui permets à Rambo ces dernières images de paix, son retour au bercail plein d’une sérénité en totale contradiction avec la fureur des images précédentes.

Que fera alors l’inconscient collectif de ce film hors du temps et des modes ? Lorsque je suis sorti de la salle, des jeunes derrières moi se tapaient dans les mains en se remémorant ce grand truc trash. Dans la salle, les spectateurs riaient du silence monolithique de ce bon vieux con de Rambo. Pas de tendresse pour mon asocial préféré. Pas de recul face à la violence. Non, « John Rambo » risque fort de se retrouver ranger aux côtés des honteux II et III. Et Stallone de rester le gentil dinosaure maladroit . Personnellement, je lui dis plutôt merci d’avoir voulu libérer son Rambo, le vrai, le seul digne d’exister.

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 09:05

Whoua !!! Nom de Diou !!! C’est quoi ce truc ? C’est quoi cet OVNI ?!? C’est à vous que je parle, oui, vous, ceux qui savent mettre leurs cerveaux en position off, ceux pour qui « Blair Witch Project » a été un souvenir mémorable de trouille viscérale et « Godzilla » un film ultra généreux à défaut d’être intelligent… Les autres, bah, on va pas leur mentir, « Cloverfield » n’est pas franchement pour eux…

On va faire rapide ( mais efficace ) sur les présentations : Matt Reeves, le réalisateur ( et aussi scénariste de « The Yards » de James Gray, ça vous en bouche un coin, non ? ), n’a pour l’instant tourné que pour le petit écran, et c’est certainement là que notre p’tit gars a du croiser M. J.J. Abrams, vous savez, le producteur derrière « Lost », la série qui fait tripper même si on ne comprend plus rien dés la 2nd saison. Et tous les deux, un jour, ils se sont dit : « Et si on lancé un super buzz sur le web ? On parle d’un gros truc qu’on sait pas ce que c’est qui détruit Manhattan, et si ça marche, on écrit l’histoire après, t’en penses quoi ? ». L’autre a certainement dit : « Super !!! », et c’est comme ça qu’avant même les premières images, le film était déjà certain de rentrer dans ses sous… Mais quel film ! Bon, alors, c’est certain, le trois quart du temps, on se fait un peu chier. La présentation des personnages est ultra lente et conventionnelle : déjà que les histoires de cœur à la sauce américaine me font chier filmées en cinémascope et 35 mm, alors en DV style « film souvenir », j’vous raconte pas… Mais lorsque ENFIN ça déboulonne de partout, lorsque Manhattan est à feu et à sang, nom de diou de nom de diou !!! Allez, ça prend peut-être 15 min sur l’ensemble du film, c’est sûr, c’est trop peu, et c’est aussi le principal défaut du film, tant le reste est plat et sans psychologie, mais je vous jure mes grands Dieux, que je serais prêt à payer 10 € uniquement pour voir sur grand écran uniquement ces purs instants de bonheur. Parce qu’on n’a jamais vu ça. JAMAIS. Et j’irai même plus loin : prenez votre ticket, et allez bouffer une crêpe. Revenez dans la salle au bout d’une heure, juste pour voir la scène de l’évacuation en hélicoptère. Moi, j’en frémis encore, j’ai cru que j’allais pleurer dans mon siège, parce que Reeves et Abrams m’ont enfin filé LE plan que je rêvais de voir, le truc EN-OR-ME qu’aucun autre réal’ n’avait réussi à faire ( sauf peut-être Gans dans « Silent Hill » ) : une vision de l’enfer sur Terre…

Mais là où le film ( en tant qu’objet, pas en tant qu’œuvre ) est encore plus intéressant  c’est qu’il est un instantané de l’Amérique de nos jours. Petit court ( tout petit ) d’histoire…

En 1954, le Japon, par le biais du réalisateur Ishirô Honda, enfante de « Godzilla », exorcisme kitsch des horreurs de Hiroshima et Nagasaki, aujourd’hui ancré dans la culture nippone. Même si le cinéma américain avait déjà abordé le 11/09 dans ses films, il ne l’avait jusqu’alors jamais fait de manière si évidente, si digérée. La scène de la première attaque semble littéralement pompée sur ces images traumatisantes des passants errants dans les rues tels des zombies recouverts de poussière, que la télé nous avez transmises en boucle. Et à cela J.J. Abrams rajoute une couche en multipliant les allusions aux médias, avec ces gus qui, en pleine catastrophe, sortent leurs téléphones portables pour ne rien manquer. Non pas que le réal’ soit un auteur qui s’érige en messager, mais on ne peut nier que le film reflète peut-être mieux que beaucoup d’autres le malaise toujours immense causé par l’horreur du terrorisme, comme ce fut ( et c’est toujours d’actualité ) le cas avec les bombes et le Japon.

Enfin, bon, le film reste quand même une bonne grosse série B, toute flagada niveau psycho, mais je vous promet que 15 minutes de cette trempe, avec en plus un final assez loin des éternels happy ends, ça vaut bien 1 heure de glandouille… Putain de putain de putain de 15 min !!!!

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 22:11

« Coup de poing . Sous la forme d'une fiction documentaire, les minutes d'une rare violence d'une journée de tuerie des marines américains en Irak. ». Ca, c’est l’Humanité qui l’a écrit, ce qui donne le ton de l’emphase de plusieurs critiques pour « Battle for Haditha ». J’ai déjà, il y a quelques temps de cela, dit tout ce que je pensais de l’empressement de certains à crier au génie devant des films pourtant bourrés de défauts. Et voilà que je suis obligé de remettre ça. Ce film ne m’inspire pas de critique, il n’a rien de suffisamment consistant à analyser. C’est fatiguant, un mauvais film… Alors on va s’appuyer sur ce petit bout de texte de l’Huma…

« Coup de poing ». C’est facile apparemment de donner un uppercut : de la violence picturale suffit. Comme lorsqu’on avait essayé de nous vendre  « The Great Ecstasy of Robert Carmichael » comme le nouveau « Orange mécanique ». Je me suis rarement autant fait chier pendant un film… Alors, non, les gars, des tripes à l’air, des enfants abattus, des rafales de M-16, c’est pas de la violence, c’est un grand jeu vidéo, c’est une fausse distanciation qui ne cache qu’un manque profond de psychologie. Sur le même sujet ( la guerre en Irak ), la visite de la morgue dans « La vallée d’Elah » était vingt fois plus violente. La tuerie du village vietnamien de « Platoon » faisait, elle, réellement froid dans le dos. Là, on ne voit que des cons de GI tuer des irakiens si mal joués auparavant qu’on en est même pas touché. La violence seule n’apporte rien de plus que du sexe dans un film porno, et certainement pas de la réflexion.

« Sous la forme d’une fiction documentaire… ». Là, je m’énerve encore plus. Dîtes, les gars, vous avez déjà regardé des films de Watkins ? De Greengrass ? Et vous osez mettre ce truc tout vide dans le même panier ? Les faux docu, ou les films historiques tournés comme des docus, sont des œuvres qui nécessitent un équilibre quasi parfait entre distance de la caméra ( faire oublier au spectateur qu’il y a une caméra ), jeu des comédiens ( arriver à être naturel au point de ne plus jouer, mais d’ETRE le personnage ), et confusion ( la vraie vie est faite de brouhaha, de silence, de gens qui se coupent la parole, de manque d’explication ). Rien de tout cela n’est dans « Battle for Haditha ». Rien. Je vais envoyer un DVD de « Punishment Park » de Watkins et de « Vol 93 » de Greengrass à l’abruti qui a osé écrire cette petite phrase dans l’Huma, histoire qu’il se rappelle un peu ce qu’est le cinéma vérité, ou qu’il complète sa culture…

Je dois paraître particulièrement prétentieux ce coup ci. Mais je suis désolé : des réalisateurs ont mis la barre très haut niveau réalisme. Quant à la violence, à la folie des hommes, matez vous « Funny Game » d’Haneke. Et pour les méfaits des GI, on va faire facile, « Platoon », voire, tiens, ce petit film sans prétention sorti en 1981 de Walter Hill, « Sans retour », où une bande de bidasse se croit un peu trop pleine de pouvoir lors de ses manœuvres en Louisiane, et se retrouve prise en chasse par les « péquenots » du coin. Et il y en a des dizaines d’autres, que certains journalistes oublient, se gargarisant de films tout juste sortis. Tout ça pourquoi ? Parce que parler des méfaits des GI et des terroristes, c’est vachement bien de nos jours, c’est très rebelle, trop fort mon gars, toi, tu oses parler. Ben apprends avant de le faire. Tes terroristes n’ont aucune complexité ( les motivations réelles des apprentis terroristes sont débités texto, comme çà, style « ils font trop chier ses américains, j’aime pas Al Qaïda, mais comme ils sont trop cons ces américains, ben je vais les faire sauter » ), tes GI sont déjà assoiffé de sang au début du film ( avant de partir en mission, ils se crient dessus, se tapent dans les mains en hurlant « On va buter du fuckin’ insurgés », putain, plus fort que dans « Starship Troopers » ! ), tes irakiens sont tout mous devant l’approche du danger ( après avoir vu les terroristes enterrer leur bombe devant chez eux, une femme dit à une autre : « On va quand même faire la fête ? », et l’autre de répondre : « Ben oui, faut bien vivre ». Fin de la problématique du silence. Whoua, trop fort… ). Et ce type de films fait beaucoup de mal à la tentative de décryptage de la violence des VRAIS réal’.

Demain, je vais filmer le gars qui fait le ménage là où je bosse, et je vais lui demander ce qu’il pense de la guerre en Irak : j’vais certainement me faire plein de fric et passer à Cannes… si j’éventre son chien, il va sans dire.

 

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 23:56

Nick Hume ( Kevin Bacon ) est un homme noyé sous le bonheur : très belle femme ( Aisha Tyler, j’connaissais pas, mais elle est effectivement très belle ), beaux gosses, belle maison, boulot qui rapporte pépètes, non, ne plaignons pas Nick. Enfin, oui, mais seulement après le meurtre par un gang de son préféré d’aîné. Parce que du coup, rien ne va plus : la justice qui fait mal son boulot, une très belle femme ( Aisha Tyler, je ne co… Quoi ? Déjà dit ? ) en larme… Nick craque, et décide de se faire justice…

Difficile pour le coup de parler de « Death sentence » sans trop en dévoiler. Parce qu’il a tout les symptômes du film-à-message-qui-l-a-pas-fait-exprés. Qui a vu le 1er « Saw » sait que son réalisateur, James Wan, n’est pas un auteur à proprement parler. Efficacité toute relative de sa mise en scène lourdingue, scénario qui tient sur un papier à cigarette… Mais notre homme étonne la planète ciné lorsqu’il décide de quitter la franchise qui vole vers Saw 6 et Saw 7 à l’heure qu’il est. Non, monsieur veut faire de vrai film. Et au vue des résultats mitigés de son 1er effort « Dead Silence », qu’il décide de continuer en solo sans retour par la case Jigsaw, c’est plutôt la preuve d’une réelle volonté de se forger son univers. Mais de là à s’attaquer au sujet ultra délicat de la vengeance, c’est une autre paire de manche.

« Death sentence » renvoie à 3 films auquel il s’apparente sous certains aspects. Bien entendu, le premier est « Un justicier dans la ville », où cette vieille trogne de Charles Bronson dégommait avec son gros flingue les méchants qui ont violés et torturés ( n’en jetez plus ! ) sa femme et sa fille. Il est clair que James Wan est beaucoup plus à l'aise avec les bastons que Michael Winner, ce qui nous donne d'ailleurs droit à deux ou trois passages bien tendu et généreux. Pourtant, notre réalisateur ne tire du " Justicier.." que la trame de base et, bizarrement, l’aspect cuir et gros flingue de son gang. Fait d’autant plus étonnant que le 2nd film cité « malencontreusement » est l’excellent « Crossing Guard » de Sean Penn où Jack Nicholson s’apprête après six ans d’attente à venger la mort de sa fille en tuant son meurtrier sous le point de sortir de prison.

James Wan veut être sérieux. Son sujet l’est, et il veut donc le sortir du carcan du film à moitié fascisant de Winner, pour le mener vers l’étude de personnages magistrale de Penn. A ce jeu, il réussit tout de même à rendre le personnage de Kevin Bacon ( toujours aussi excellent ) consistant, vrai. Peut-être pas profond, mais réellement pris par le doute et la douleur. Or deux choses le ramènent sur Terre : Penn film avant tout une histoire AVEC des personnages, et pas un personnage ET son histoire ( pas un seul rôle secondaire n’arrivent à rendre la pareil à Bacon, si ce n’est un John Goodman E-NOR-ME, mais trop peu présent ). Et surtout, Penn choisit de parler du désir de vengeance, et non de son exécution, et cela change tout.

D’où le 3ième film, « Chute Libre », dans lequel un pauvre gus à bout de nerf ( Micheal Douglas ) pète un câble et explose au bout milieu d’un embouteillage, avant d’aller foutre le bordel en ville. Même parti pris du quidam qui devient ennemi public, de la police qui tente de le neutraliser tout en le comprenant, même volonté que celle de Schumacher à l’époque, à savoir faire un film sérieux, et… mêmes défauts. Nos deux gars sont les produits d’un ciné américain loin d’être finaud, et ils n’ont pas la carrure d’un Penn pour prétendre faire autre chose qu’un film tout public un peu plus noir que la moyenne.

Nous voilà donc avec un film hybride qui dépoussière le thème de la vengeance ( « Un justicier… » ), pour leur donner une crédibilité d’auteur ( « Crossing… » ), avec les tics fatiguant des bons gros films américains ( musique mélo collée sur des gens qui pleurent, ou regard qui tue avant de sortir son gros flingue, c’est au choix ). Un film qui, ne sachant pas où poser son cul, finit par délivrer un message étonnant pour une production américaine… Car Wan, dans un final surprenant, et à force de ne jamais être clair dans ses intentions ( le gang est composé de gros cons qu’on aime voir se faire dégommer, mais Kevin Bacon est suffisamment touchant dans sa douleur pour que nous ayons envie qu’il retrouve la paix et arrête le massacre ), finit par nous dire que la violence, c’est pas si mal, suffit juste de l’assumer… Car si Nick Hume vit un tel cauchemar, c’est parce qu’il n’est pas assez habité par elle, parce qu’il n’assume pas son envie profonde de vengeance !

Pour étayer mes propos, il me faudrait citer plusieurs passages durant lesquels Wan bascule en peu de temps du pacifisme mielleux à la détermination de tuer. Je préfère, comme je l’ai déjà dit, que les gens découvrent et ressentent sur l’instant, plutôt qu’ils acceptent une analyse qui n’engage que moi. Mais c’est ce doute du réalisateur si palpable à l’écran qui fait de « Death sentence » un film viscéral au sens propre du terme, comme si James Wan ressentait lui-même l’attirance / répulsion propre à la haine. Du coup notre réalisateur se retrouve responsable d’un film à message « par accident ». Et quand on voit l’ambiguïté dudit message, ça laisse assez perplexe…

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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 00:03

Bon, mes amis, les temps sont durs. On regarde le petit écran, et on est épaté par toutes ces séries, « 24 », « Oz », ces petits trucs tout énervé et vachement jouissif ( voir très intelligent pour la seconde ). Et on ne se rend même plus compte du mal que fait la télé au cinéma.

 David Slade aussi, c’est un énervé. Après un « Hard Candy » tordu et même trouble par moment ( un homme se fait séquestrer par une gamine qui le prend pour un pédophile… sans qu’on sache si c’est vrai ), il nous pond l’adaptation d’un comics pour adultes, « 30 days of night ». L’histoire d’un village de l’Alaska assailli par une horde de vampires alors qu’il s’apprête à vivre un mois sans soleil… Le film fait son buzz sur la toile, et tout le monde bave d’espoir. Parce que la référence du réalisateur pour son film n’est ni plus ni moins que LE maître de l’horreur des années 80 : John Carpenter. Quand j’ai lu ça pour la première fois, une larme a coulé doucement sur mon visage rêveur… Ah, « Fog », « The thing », « Prince of Darkness », des pelloches à trembler pendant 24 h.

C’est donc sûr de mon choix que je me cale dans mon siège, préparé pour le grand flash back en forme d’hémoglobine… Et je sors en maudissant la télé.

« 30 jours de nuit » n’est vraiment pas un mauvais film. La bande son oscille entre musique industrielle et plainte, Josh Hartnett est très convaincant dans le rôle du shérif « qui-flippe-mais-tient-son-rang », c’est parfois très gore, mais hormis deux ou trois plans chocs, sans surdose, et les attaques de vampires sont suffisamment fulgurantes et sauvages pour faire fermer les yeux à votre voisin(e). Mais quand on voit la fulgurante beauté de certains plans, on se dit que Slade aurait pu faire mieux. Que ce soit celui d’ouverture et ce cargo pris dans les glaces, ou encore ce mouvement de caméra qui nous fait survoler les rues du village en plein chaos, on aperçoit ce qu’aurait pu être le film entre les mains de Carpenter et sans la suprématie de la fiction câblée.

Entre les mains de Carpenter parce c’est typiquement la trame de base qui sous-tend tous ses films. Ce gars avait été traumatisé par le « Rio Bravo » de Howard Hawks ( dont « Assault » du même Carpenter est un remake tout juste déguisé ). Trois gus, des dizaines de méchants, et on tient le fort. Et v’là t’y pas que le même gus réalise un remake à deux doigts de supplanter l’original de « The things »… de Howard Hawks. Alors un film avec un village, trois paumés, le tout dans la neige et des tas de vampires, c’était pour lui. Et Slade le sait. Il tente de faire du Carpenter, il fait son hommage comme il peut, mais il oublie une chose, ce qui fait que les films du maître sont des classiques : la gestion de l’espace.

On ne plante pas sa caméra à 1 mètre voire moins de ses comédiens lorsqu’on veut faire ressentir que le danger est partout. On ne fait pas débouler les vampires dans le champ si on veut faire naître un sentiment d’oppression chez le spectateur. Les idées sont là : la mise à mort d’un des personnages avec lequel les vampires jouent comme des chats avec une souris aurait dû être un moment très fort du film si Slade avait appris les leçons de Big John : montrer les choses de manière fluide, calme, grâce à des mouvements souples en contradiction avec la sauvagerie de ce qui est montré ( méthode que Peckinpah avait poussé à l’extrême des années plus tôt avec ses ralentis en pleine tuerie ). Non, Slade filme « dans l’air du temps », avec des plans rapprochés et montés si rapidement par moment que l’action devient presque illisible. Vous savez, comme dans ses séries où ça bouge de partout, et où la distance entre comédiens et caméras est ramenée à une peau de chagrin. Voilà comment on fait des films de nos jours pour plaire aux djeuns… En pompant sur la télé, parce c’est elle, malheureusement, qui est la plus novatrice ces dernières années. C’est elle qui a pris la place que le cinéma avait tenu dans les années 70 : un laboratoire visuel où presque tout est permis. Alors que dans ces quelques plans aériens, Slade prouvent qu’il sait aussi faire de grandes et belles séquences… Mais c’est has been, maintenant.

Du coup, on ne peut pas dire que ce soit un mauvais film. Il est dans l’air du temps. Et je pense à Kundera pour qui « être dans le vent est une ambition de feuille morte » avant de me dire que, oui, je vais certainement me recaller « The Things » de Carpenter…
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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 12:00
Ce soir on va voir "Into the Wild" au ciné Madeleine à 21h00
Emmanuelle
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